J’accueille aujourd’hui sur mon blog Julien qui est diplômé de l’école supérieure de commerce de Bordeaux. Nous allons revenir sur son expérience professionnelle au Sénégal et sur ses futurs projets, c’est parti :
J’ai appris après t’avoir rencontré que tu avais effectué une année d’études en Afrique, pourrais-tu tout d’abord te présenter et nous reviendrons sur cette expérience par la suite
Toujours dur de se présenter, il y a plein de choses à dire ! Pour faire simple disons que je suis curieux de nature et que ça m’a amené à faire plein de choses différentes. J’ai commencé par des études de lettres, puis de commerce, j’ai travaillé dans le marketing, la gestion de projet, le web, les supply chain et dernièrement j’ai créé un blog sur l’entrepreneuriat en Afrique qui s’appelle Partir De Rien dont le but est d’accompagner les personnes qui veulent investir et/ou créer une activité économique en Afrique.
J’ai passé effectivement un an là-bas , c’était en fait une année de césure, c’est à dire une année que l’on prend au milieu de ses études pour prendre profiter nouvelles expériences, professionnelles ou autres et apporter de l’originalité à son cursus. Et donc j’ai eu pour ma part la chance d’être recruté par une ONG française pour m’occuper de l’implantation d’un projet au Sénégal.
Très bien merci ! Qu’est ce qui a motivé ton choix de partir là-bas ?
A vrai dire je n’avais pas du tout prévu que les choses se passeraient comme ça ! Je voulais partir à l’étranger c’est sûr, je voulais également un contexte de travail très différent de celui que je connaissais. J’avais déjà une expérience similaire mais plus courte au Maroc une année plus tôt, donc je savais à quel point c’était enrichissant. Je regardais en fait du côté de l’Asie du Sud-Est car c’est un endroit qui m’attire beaucoup.
Mais l’opportunité du Sénégal était beaucoup trop belle : le directeur d’Agrisud International est venu donner un cour dans l’école dans laquelle j’étais ; leur vision du développement par l’entrepreneuriat et leur manière de travailler m’ont vraiment séduit ; je lui ai fait part de mon enthousiasme et quelques semaines plus tard il me proposait un poste au Sénégal.
Quelles y étaient tes conditions de vie et de travail ?
Concernant le travail, j’ai eu très vite beaucoup de responsabilités. J’avais une équipe à gérer et un projet à monter de A à Z. J’ai adoré ça, j’étais très autonome et en même temps je pouvais m’appuyer au besoin sur mes responsables situés au Maroc et en France, des gens extrêmement compétents et très rodés à ce travail.
J’avais les connaissances nécessaires en gestion de projet et en montage de chaîne d’approvisionnement mais j’ai dû tout apprendre d’un milieu agricole dont je ne connaissais rien. C’était très déstabilisant mais tout à fait ce que je cherchais ! Un travail de terrain où l’on pouvait voir directement l’impact de ses efforts.
- Côté conditions de vie c’était super aussi, les divers projets professionnels m’amenaient régulièrement à voyager à travers tout le pays.
Voici une photo d’un des lieux de travail :
- Côté logement : J’avais donc deux lieux de vie, un appartement au Nord à Mbour, et une petite maison au Sud à Cap Skirring, tout deux dans un cadre magnifique.
Voici quelques photos :
- Côté transport : j’étais libre de mes mouvements grâce à l’achat d’une moto à mon arrivée, c’est un peu dangereux vu les conditions de circulation, mais c’était très efficace et ça avait l’énorme avantage de faire que je ne dépendais pas tout le temps des taxis. Je prenais également régulièrement un tout petit avion pour aller du Nord au Sud, sensations fortes garanties !
- Côté relations humaines : Après un court temps d’observation j’ai rapidement pris mes marques, j’ai rencontré d’abord tout les gens de mon quartier (ce qui est plutôt facile étant donné la sympathie naturelle des habitants dès le premier contact). Je me suis lié d’amitié avec certains et également avec quelques collègues de travail. Ils m’ont fait découvrir le pays autrement que du point de vue d’un touriste et j’ai pu partagé leur loisirs et leurs soirées, d’excellents souvenirs ! J’étais également proche de quelques expatriés éclairés qui apportaient la touche finale à mon équilibre sur place.
Que retires-tu de cette expérience ?
L’impression d’avoir fait un énorme bon en avant. C’est comme une tranche de vie en accéléré. On rencontre plus de gens, on apprend plus vite plus de choses. Je sais maintenant que je suis capable de me débrouiller seul dans un contexte étranger, d’avoir les bons réflexes, de monter un projet même quand les manières de faire sont très différentes de celles que je connais.
J’en retire également un attachement sincères pour l’Afrique de l’Ouest et les gens qui y habitent. Ce n’était pas ma zone de prédilection mais on peut dire que j’y suis maintenant très lié. Je garde également des contacts précieux mais aussi des amitiés sincères qui m’ont apporté un regard neuf. J’ai maintenant une bonne connaissance et une véritable passion pour l’Afrique de l’Ouest ainsi que les compétences pour y faire du travail de terrain.
Tu m’as récemment parlé de ton blog partirderien.com, pourquoi avoir décidé d’en créer un et quelles thématiques traiteras-tu sur celui-ci ?
Le blog s’est inscrit dans une continuité naturelle pour moi. J’ai toujours été passionné par l’entrepreneuriat en général, j’ai alors orienté mes études vers là. Puis j’ai découvert l’entrepreneuriat en Afrique de l’Ouest : c’est une terre d’opportunité qui a ses propres logiques. De retour en France, je ai terminé mes études et je suis resté proche du milieu des start-ups et de l’entrepreneuriat mais l’expérience africaine me manquait, j’avais l’impression que j’avais encore des choses à dire et à faire. Alors j’ai rédigé mon mémoire de fin d’étude sur l’entrepreneuriat en Afrique de l’Ouest. Je suivais déjà beaucoup de blogs sur l’entrepreneuriat mais aucun ne traitait de ce sujet. J’ai donc décidé d’utiliser mon mémoire pour écrire les premiers articles d’un blog sur l’entrepreneuriat en Afrique afin de réunir en ligne les personnes qui comme moi étaient intéressées et passionnées par le sujet.
As-tu comme projet de le monétiser par la suite ? Tu as peut-être déjà des idées sur la-les façon(s) de le faire ?
Probablement oui, je suis un inconditionnel des méthodes Tim Ferris, donc il y aura peut-être des liens d’affiliation pour les livres que je lis sur le sujet du blog ou des produits qui peuvent être utiles à l’entrepreneur en Afrique. Mais je dirai que ce n’est pas le but premier du blog pour l’instant : je veux vraiment d’abord réunir les adeptes de cette thématique et voir de quoi ils ont besoin pour avancer. Je ferai évoluer mon blog à partir de là, en fonction de ce que veulent les futurs entrepreneurs !
As-tu pour projet de toi-même t’installer en Afrique et y créer une entreprise peut-être ?
Dans quelques années pourquoi pas ; à vrai dire entre le France et l’Afrique ça me conviendrait bien. Je suis quelqu’un qui aime bien bouger en travaillant. J’aime le concept de travailleur nomade.
Quel est l’intérêt selon toi pour un étudiant / jeune actif de faire ce genre d’expérience ?
C’est une opportunité incroyable pour les jeunes actifs et les étudiants. Si vous en avez la possibilité, n’hésitez pas à partir en Afrique vous y apprendrez énormément. Si vous avez peur pour votre CV sachez que c’est une expérience professionnelle très bien vue de la part des recruteurs car elle sort du lot, j’en ai moi même fait l’expérience. De plus vous aurez probablement bien plus de responsabilités que ce que vous pourriez espérer en France. Faîtes simplement attention à la structure pour laquelle vous allez travailler, renseignez-vous et vérifiez qu’elle a une bonne réputation ou bien passer par des organismes spécialisés comme Aiesec (la première ONG étudiante mondiale, allez sur leur site ils gagnent à être connus.
Si vous avez la fibre entrepreneuriale, raison de plus pour vous faire une expérience professionnelle en Afrique ; passez-y un peu de temps, observez comment les choses se passent et vous aurez bien vite des idées de projets à lancer ! L’important est de savoir s’adapter et s’entourer de personnes de confiance.
Pour terminer, posez vos questions et faîtes-nous partager vos éventuelles expériences professionnelles ou vos projets entrepreneuriaux en Afrique.
Bonjour,
Ce fut très intéressant d’avoir pu faire la connaissance de Julien et de son joli parcours. C’est clair qu’avoir des expériences professionnelles à l’étranger c’est toujours très enrichissant autant niveau travail qu’humainement. J’ai pu moi même monter une petite structure à l’ile Maurice et cela reste toujours de très bons souvenirs quand j’y repense. Je viendrais donc avec grand plaisir sur le blog partirderien.com pour continuer à suivre Julien
Salut Patrick,
Je réponds pour Julien qui viendra commenter prochainement.
Intéressante ton expérience de création d’entreprise. Dans quel domaine?
Merci pour ton commentaire!
Bonjour Patrick !
Merci bcp pour ta remarque ! Je suis tout à fait d’accord avec toi, travailler à l’étranger et particulièrement en Afrique est un véritable accélérateur d »expérience et on en ressort plus grand.
Dis nous en plus sur ton projet à l’île Maurice ça semble très intéressant !
Bonjour,
J’ai vécu en Afrique (au Gabon) pendant 15 ans car mon père travaille dans le BTP et il est responsable d’une équipe d’une trentaine de personnes.
Dans le pays que je viens de citer, les locaux ont l’habitude de bosser à leur rythme c’est à dire « cooollll » pas trop vite le matin et pas trop dur dans la journée et surtout les lendemains de paye.
Au départ, mon père a du mal à s’adapter à ce rythme de travail mais il s’y est habitué et finalement le travail se fait.
Au sénégal, cette motivation au travail est-elle la même ?
Alexandre
Salut Alex,
Effectivement un joli nombre d’années en Afrique!
Le rythme de travail doit être dur à prendre parfois oui ;) Julien te confirmera ou t’infirmera quant à la situation au Sénégal!
Merci,
Pierre-Antoine
Bonjour Alex !
Ta question est intéressante, j’ai pris le temps d’analyser mes relations de travail là-bas et je dois t’avouer que non je n’ai pas constater de problème de rythme de travail ou de motivation avec mes collaborateurs, la plupart était sérieux et bosseurs.
La différente est plutôt à mon sens au niveau des codes, des manières de communiquer, mais on s’y adapte rapidement.
Ce qui peut freiner le travail c’est plus le manque d’infrastructure parfois. La solution ? prévoir une ou deux solutions de secours pour les tâches que l’on a à accomplir dans son travail. Exemple ; lors d’une coupure d’électricité avoir une batterie supplémentaire pour son ordinateur portable.
Et toi es-tu retourné au Gabon récemment ? L’entrepreneuriat là-bas te tente ?
Julien
Salut,
Les expériences sont toujours utiles, surtout ceux que l’on acquiert par soi-même. Et puis découvrir un autre pays reste une expérience unique que tout un chacun rêvant d’aventure veut connaître.
Bien d’accord avec toi Maryam et quel meilleur moyen de découvrir un pays que d’y mener un projet professionnel !
Interview très intéressante!
Les expériences à l’étranger apportent toujours énormément, notamment dans les pays un peu plus « exotiques », au niveau condition de vie ou de travail. L’expérience de Julien peut vraiment donner envie à d’autres de franchir le pas et d’aller en Afrique, où il y a tant de choses à vivre!
Pour ma part, j’ai eu la chance de partir en Pologne pour quelques mois, durant mes études et ça reste la meilleure expérience de tout mon cursus! :) C’était d’ailleurs grâce aux récits des élèves de promos précédentes que j’ai décidé d’y aller !
Merci Guillaume !
Plus « qu’exotique » je dirai même avec des contextes culturel et professionnel très différents qui font que l’on perd totalement ses repères dans un premier temps, on se remet en question dans un second temps, et puis on enfin on reconstruit une meilleure manière de faire dans un troisième temps. Tout cela est valable aussi bien personnellement que professionnellement.
Un grand merci à toi Pierre Antoine pour cet interview et pour tous tes conseils !
Merci à toi ;)
Bonne réussite pour ton blog et tes projets futurs!
Bravo pour votre parcours, ce genre de témoignage et accompagné de ces photos qui vont rêver donnent l’envie de franchir le Cap.
Mais comment étiez-vous perçu par les locaux ? N’y avait-il pas un peu de méfiance à votre égard ?
A +
Marie
Bonjour Marie
Il faut se jeter à l’eau ! Généralement on ne le regrette pas et l’essentiel est encore là quand on revient.
Là-bas je n’ai eu que très peu de problèmes de méfiance avec les sénégalais (enfin de mon point de vue, après il faudrait leur demander ;) ). J’ai pris un long temps d’observation, je ne voulais pas plonger la tête la première sans avoir compris un minimum comment les choses fonctionnaient. Puis il faut y aller de manière diplomate, écouter sans imposer d’emblée ses idées. Bien souvent les gens avaient raison une bonne vision des choses et j’apportais simplement le petit coup de pouce opérationnel !
Autre conseil pour éviter la méfiance : ne pas évoluer uniquement dans les milieux d’expatriés
Bonjour et merci de votre réponse.
Il semble que vous avez fait preuve d’humilité et d’écoute, je pense qu’effectivement, ce sont les ingrédients essentiels pour une bonne insertion ;)
Bonjour à vous deux .
Super initiative que d’aller en Afrique. On entend souvent parler de partir en chine. Par contre vous pouvez développer qui est Tim Ferris ?
Bonjour Clara,
C’est vrai que l’on entend beaucoup parler de la Chine et il est vrai que c’est une destination intéressante pour les entrepreneurs, mais je crois que l’Afrique est encore plus un choix d’avenir !
Concernant Tim Ferris, c’est un blogueur entrepreneur américain, sorte de gourou d’un style de vie sans tracasseries ni encombrements. Tu peux lire son livre La semaine de 4 heures ou bien aller sur son blog. Personnellement je te conseille son livre, vraiment utile ;)
Merci de ton explication.
Merci à toi Julien pour toutes ces réponses détaillées! ;)
Je vois que tu as également lu la semaine de 4 heures. Une grosse claque et un gros boost grâce à tous les conseils.
Je le relis actuellement!
Bonne soirée,
Pierre-Antoine
C’est un plaisir !
Moi aussi je viens de relire la semaine de 4 heures, un an après ma première lecture je redécouvre beaucoup de choses qui m’avaient échappé.
Tu aurais d’autres livres du même genre à me conseiller ?
Salut Julien!
Ouais exact c’est la même chose pour moi, une relecture m’a permis d’appliquer des conseils que je trouvais inutiles ou inadaptés avant.
Oui il y a plusieurs perles à lire, pour moi les deux prochains : The Millionaire Fastlane (en anglais), The Lean Startup (anglais ou français)
Pour ma part j’ai eu la chance de pouvoir partir 3 ans aux états unis, et j’en suis revenu transformé aussi, la différence de culture fait que cela nous ouvre une nouvelle vision sur le monde, on acquiert aussi une faculté d’adaptation extraordinaire aux environnement que l’on ne connais pas…
Tout à fait d’accord avec toi, et ce sont des qualités essentielles à tout entrepreneur !
J’ai lu et rencontré beaucoup de voyageurs qui ont découvert l’Afrique de l’Ouest et qui en sont « tomber amoureux ». Pour ma part, je n’ai voyagé que 2 semaines au Cameroun (et encore, ce n’est pas vraiment l’Afrique de l’Ouest) et plusieurs mois en Afrique de l’Est (Kenya, Ouganda, Tanzanie, Burundi, Rwanda). J’ai vécu aussi de superbes expériences.
Je crois bien que mon prochain voyage en Afrique sera dans l’Ouest, et le Sénégal me parle de plus en plus.
Pour compléter la lecture de cet article vous pouvez lire mon dernier post invité sur les différents moyens de transports qu’un entrepreneur nomade peut utiliser en Afrique ! http://partirderien.com/quels-moyens-de-transports-en-afrique
Bonjour,
Tu as raison d’avoir choisi le senegal c’est pays merveilleux,j’y ai travaillé 3 mois pour des formations en cartologie.
Ce sont des gens formidables,mais il faut un peu de temps pour s’integrer,j’espere que ca se passera bien pour toi…
Bonne continuation et n’hesite pas a me demander si tu as des questions.*
Cordialement Lea
Bonjour Julien,
Je suis étudiante à l’Université de Versailles St Quentin et dans le cadre d’un projet je dois organiser une conférence sur « l’Afrique et la crise ». Avec l’aide de notre partenaire qu’est l’association African Business Club, nous souhaitons traiter de l’entrepreneuriat en Afrique. Ainsi, dans l’espoir d’apporter des exemples concrets lors de cette conférence, je souhaiterais t’interviewer si possible.
N’hésitez pas à me joindre.
En vous souhaitant une bonne année 2013,
Cordialement,
Charlène
Bonjour Charlène,
Oui sans problème, pouvez-vous me contacter directement sur mon mail partirderienblog@gmail.com pour plus de précisions ?
Julien
bonjour
l’expérience de vivre dans un autre pays est toujours très intéressante. C’est toujours une éxpérience qui va servir. De se confronter à d’autres modes de vie.
ludovic